Plongeons d’hiver – (I) le Plongeon catmarin
Voici le premier volet d’une série d’articles consacrés au statut et à l’identification des quatre plongeons visibles en France en période hivernale. Je commencerai par les deux espèces les plus faciles à reconnaître, d’abord le Plongeon catmarin Gavia stellata puis le Plongeon à bec blanc, pour lequel je dresserai la liste complète des données françaises, et enfin les Plongeons arctique et imbrin. Pour le Catmarin, les informations sur la répartition mondiale et européenne proviennent de Cramp & Simmons (2020), les données phénologique et chronologique relatives à la France sont issues de Dubois et al. (2008, 2018) et de Caloin & Gesquière (2022), et les critères d’identification sont ceux de Svensson et al. (2023) et de van Duivendijk (2011, 2024).

Répartition
Le plus petit des plongeons a une répartition circumpolaire qui couvre les régions boréo-arctiques d’Eurasie et d’Amérique du Nord ; à l’échelle européenne, il niche en Islande, en Écosse, en Fennoscandie et au Svalbard, et hiverne principalement sur les côtes de l’Atlantique et de la mer du Nord, du littoral occidental de la Norvège aux îles Britanniques et à la Bretagne, et en plus petit nombre dans le golfe de Gascogne, dans la Baltique, en mer Noire, dans la Caspienne et en Méditerranée.
Statut en France
En France, le Plongeon catmarin est un hivernant assez commun le long des côtes de la mer du Nord, de la Manche et de l’Atlantique, de la frontière belge à l’estuaire de la Gironde ; il est rare, quoique régulier, à l’intérieur des terres et en Méditerranée (golfe de camargue surtout), et reste exceptionnel en Corse. Ses principaux sites d’hivernage français se trouvent dans la Manche, principalement le long des côtes de Picardie, du Boulonnais et de Seine-Maritime, et secondairement devant celles du Calvados, en baie de Lannion (Côtes-d’Armor) et autour de l’île d’Hoëdic (Morbihan).
Le Plongeon catmarin apparaît en France dès la mi-septembre, mais les arrivées culminent en novembre et s’achèvent fin décembre ; des mouvements peuvent toutefois avoir lieu en janvier à la faveur de tempêtes de secteur nord. Le départ des hivernants a lieu à partir de la mi-janvier, mais se produit surtout de fin février aux premiers jours d’avril, sans pic marqué, et se termine dans la première décade de mai. Les reprises d’oiseaux bagués indiquent que les migrateurs et hivernants français sont originaires du Groenland, d’Islande, d’Écosse et de Suède, avec sans doute une prédominance d’oiseaux de Scandinavie et de Russie.

Identification
Sa tête fine, son bec fin et retroussé (culmen droit et mandibule inférieure convexe), ses parties supérieures grisâtres pointillées de blanc et sa face et son cou très pâles (avec une petite tache blanche caractéristique en avant de l’œil) différencient facilement le Plongeon catmarin du Plongeon arctique, de taille similaire, mais qui a une tête plus grosse et un bec plus épais, dont les mandibules sont symétriques (culmen arqué vers le bas et mandibule inférieure convexe), et un plumage globalement plus foncé, avec des parties supérieures noirâtres (liserés pâles dessinant un motif écailleux chez les jeunes de l’année). Aucune hésitation possible par rapport aux deux géants de la famille : le Plongeon imbrin, à la tête massive et anguleuse et au puissant bec en poignard, et le Plongeon à bec blanc, immédiatement reconnaissable à son énorme bec ivoire fortement retroussé.
Critères d’âge
En plumage hivernal, les Catmarins adultes ressemblent beaucoup aux jeunes de l’année, dont ils diffèrent par la blancheur de leur face et des côtés de leur cou, par les dessins blancs des parties supérieures constitués de points et de traits épais, et par leur bec gris avec le culmen sombre. Les juvéniles en plumage frais ont à l’inverse les côtés du cou marqués de grisâtre (mais ceux-ci blanchissent rapidement au cours de l’hiver), présentent de fins dessins pâles sur les parties supérieures et leur bec est plus pâle (mais ce critère peut être difficile à apprécier en fonction de l’éclairage). Attention toutefois, car si la distinction est assez évidente en fin d’été et en automne, plus l’hiver avance, plus les jeunes de l’année (oiseaux de 1er cycle) ressemblent aux adultes internuptiaux !



Références : • Caloin F. & Gesquière É. (2022). Plongeon catmarin. In Dupuy J. & Sallé L. (coord.), Atlas des oiseaux migrateurs de France. LPO/MNHN. Mèze, Biotope Éditions : 496-498. • Cramp S. & Simmons K.E.L.(2020). BWP : Birds of the Western Palearctic app. NatureGuides Ltd. • Dubois P.J., Le Maréchal P., Olioso G. & Yésou P. (2008). Nouvel inventaire des oiseaux de France. Delachaux et Niestlé, Paris. • Dubois P.J., Gaudard C. & Quaintenne G. (2018). Plongeons, grèbes et grands échassiers hivernant en France : évolution récente des effectifs. Ornithos 25-4 : 185-215. • Svensson L., Mullarney K. & Zetterström D.(2023). Le Guide Ornitho. 3e édition. Delachaux et Niestlé, Paris. • van Duivendijk N. (2011). Advanced Bird ID Handbook. The Western Palearctic. New Hollans Publishers, London. • van Duivendijk N. (2024). Identifier les oiseaux d’Europe. Le guide ultime. Vol 1, des cygnes aux pics. Delachaux et Niestlé, Paris.
Citation recommandée : Duquet M. (2025). Plongeons d’hiver – (I) le Plongeon catmarin. Post-Ornithos (marcduquet.com) 2 : e2025.01.31.
